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À Propos

Clémence René-Bazin n’est pas une photo-reporter, bien qu’elle ai longtemps travaillé à l’agence Magnum et assisté Raymond Depardon. Un photo-reporter est un témoin, Clémence René-Bazin ne témoigne pas, elle vit.

C’est ce vécu, cette implication qui transparait dans ces photos et donne à des scènes toutes simples une réalité palpable. Le spectateur n’est pas emporté par la photo vers de lointains voyages mais semble tout simplement intégré, aspiré dans la photo. Il y a sa place. C’est celle que l’artiste laisse comme un espace pour le spectateur. On n’est pas témoin d’une scène ou visiteur. On est partie prenante lorsqu’on regarde ses photos.

C’est un travail sur l’espace, la présence et l’absence à mille lieux des calculs de composition et de lumière qui transforment parfois la photo en décor ou en scénographie. La place est ici laissée au temps et à l’être, créant ces petits moments de grâce pour lesquels la plupart d’entre nous supportent le reste. Pourtant malgré une spontanéité palpable, les scènes transpirent une lumière irisée et douce qui donnent à l’ensemble un battement poétique presque irréel. Comme ces moments d’orage où les rayons du soleil traversent un instant les nuages pour éclairer un paysage qui semblait triste et gris quelques secondes seulement auparavant. Cette lumière qui peut ne durer qu’un instant, juste suffisamment pour qu’on se demande si elle est réelle, on s’en souvient néanmoins comme si elle avait duré une éternité. Les photos de Clémence sont autant de moments suspendus dans lesquels on prend plaisir à s’attarder.

Qu’il s’agisse d’un paysage dépeuplé dont la quiétude n’est dérangée que par la frêle silhouette d’une automobile ou d’une chambre d’hôtel vide, la présence humaine parfois esquissé, parfois invisible est pourtant prégnante dans chacune de ces photos. Une place centrale mais discrète comme pour souligner la fragilité et l’éphémère de la vie qui rend un paysage, un instant, un objet dans la lumière d’autant plus précieux. C’est cette beauté évanescente du bonheur d’être vivant que capte l’appareil de Clémence René-Bazin.

 

 

Vincenza Mirisola,

Paris, septembre 2010.

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